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LA VRAIE NATURE DE DSK

3 mars 2011

DSK disciple de Gary Becker

e n’est pas d’aujourd'hui que l’on s’interroge sur la vraie nature de Dominique Strauss-Kahn. Le 18 janvier 2010, dans Libération, Jacques Julliard écrivait que la gauche ne saurait être représentée par un représentant de l’establishment financier. Julliard expliquait qu’élire un candidat incapable d’établir un rapport de forces avec les représentants du milieu dont il serait issu conduirait aux mêmes impasses et aux mêmes désillusions que l’alliance centriste. Ce sociologisme un peu court étonnait de la part d’une des grandes plumes et grandes consciences de gauche. Plus affligeant est le néo-pétainisme larvé de Christian Jacob. Le patron des députés UMP vient d'affirmer que le possible candidat socialiste à la présidentielle n'offrait pas « l'image de la France, de la France rurale, de la France des terroirs et des territoires, de la France qu'on aime bien ». En traitant le directeur du Fonds monétaire international d’ « affameur des peuples », Jean-Luc Mélenchon exploite la même veine.

C’est pourquoi nous voudrions rappeler que DSK a été un disciple de l’École de Chicago. Peut-être cela permettra-il de calmer les esprits et de relever le niveau du débat ? Il se trouve que la thèse, cachée, oubliée, de doctorat ès sciences économiques que Strauss-Kahn a soutenue à la fin de ses études, et qu’il a publiée sous le titre Économie de la famille et accumulation patrimoniale (PUF, 1977) est directement inspirée de Gary Becker, comme le révèle Le jour où la France sortira de l’euro (Michalon édition novembre 2010). L’économiste le plus sulfureux de l’Université de Chicago, théoricien du « capital humain », prix Nobel en 1992, Becker a appliqué le raisonnement économique à des domaines qui jusque-là lui étaient étrangers, par exemple l’éducation, le crime, mais aussi le mariage, ou la « production » des enfants. Et l’on retrouve sous la plume de DSK des réflexions typiquement beckeriennes, jargon compris.  Ainsi le futur époux d’Anne Sinclair pouvait-il écrire : « On ne se marie pas avec n’importe qui ; on ne souhaite pas indifféremment beaucoup ou peu d’enfants et nous pouvons dire que tout se joue comme si des motivations économiques résumaient une bonne part des variations observées dans les attitudes des ménages » (p. 277). Une prémonitoire auto-psychanalyse économique de l’amour !

Au-delà de ce mystère privé que nous nous garderons bien de scruter, force est de reconnaître que l’École de Chicago, dont s’inspire le docteur Strauss-Kahn, n’a pas beaucoup de points communs avec le socialisme, ni même avec la social-démocratie. La foi dans l’efficience des marchés y est aussi entière que  la détestation de l'État.

Les Strauss-Kahniens, qui se gardent bien de rappeler la source néo-libérale d’inspiration de leur champion, mettent en avant le fait, à tout bout de champ comme brevet de gauche, qu’il serait l’« inventeur des 35 heures ». On n’a rien entendu de  la bouche de DSK sur ce thème depuis fort longtemps. C’est Martine Aubry qui a fait les lois réduisant à 35 heures la durée légale du travail en France, les célèbres et justement nommées lois Aubry, Strauss-Kahn restant dans une prudente réserve, fort critique dans les coulisses, quand  la « Dame des 35 heures » se battait en première ligne.

Une autre fortification, derrière laquelle Strauss-Kahn s’abrite quand il s’exprime (rarement) sur ses convictions est que son socialisme à lui, c’est « le marché plus la justice sociale », que pour répartir des richesses, il faut d’abord les produire, etc, etc. C'est ce qu'il a répété lors de son dernier passage à Paris. Mais Sarkozy ne dit pas autre chose. Même l’extrême-droite ne dit pas autre chose. Comme l’a déclaré récemment le patron du FMI, en personne, à propos de la Grèce : la plupart des gens comprennent qu'il n'y a pas d'autre voie - que celle que je préconise.

La plupart des gens, c’est suffisant pour gagner une élection, non ?

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